Les Bigrands commencent


Des jeunes gens désenchantés et sans avenir sont tentés de sortir
collectivement de l’ordre et des lois. La violence ne les rebute pas.
L’un d’eux, bouleversé par une déception familiale, prendrait
volontiers leur tête. Son frère qui ne manque pas d’intelligence
lui dispute l’affection du père, son héritage et une fiancée.
Une dispute à mort. Les Brigands a été écrit par Friedrich Schiller
en 1781. Les Bigrands, c’est et ce n’est pas Les Brigands.


D’après Les Brigands de Friedrich Schiller.
 
Adaptation et mise en scène : Edgar Petitier
Avec : Justine Abittan, Cécile Bosc, Lucille Delacomptée, Angèle Gilliard,
Axelle Grégoire, Éléna Le Bihan, Julia Levivier, Alise Michon, Floréal Sotto
Assistant : Alexis Argyroglo — Scénographie : Estefania Castro, Alexis Argyroglo
Vidéo : Julien Genoulaz

Par Mathilde LA BARDONNIE – LIBÉRATION – 21/10/2006
Théâtre. Le drame de Schiller féminisé par Edgar Petitier.
Bigre! les «Brigands» sont des «Bigrands»
Schiller a 22 ans lorsqu'il publie la shakespearienne histoire des fils opposés
de Maximilien von Moor, comte d'empire devenu un vieillard. Des deux garçons
nés du même sang dans le même château, l'aîné a été bien aimé et l'autre,
nettement moins. Le premier, Karl, est parti à Leipzig étudier, s'y est beaucoup
diverti, voudrait revenir. Le cadet, Franz, laid et doué pour l'embrouille, persuade
le géniteur que Karl est un criminel, puis enferme le vieux dans une tour.
Tandis que l'un capte l'héritage, l'autre se transforme en romantique bandit d'honneur,
défenseur des opprimés contre le joug féodal. Sa bande compte de réels malfrats.
Suivra le suicide du félon, viendra la mort demandée par la fiancée.
Neuf jeunes comédiennes s'emparent du symbolisme baroque de ce drame,
posent la question de la légitimité du pouvoir. Anarchisme idéaliste ?
Terrorisme d'état ? Edgar Petitier a intitulé son spectacle les Bigrands. Faute
d'un grand local, il le met en scène au rez-de-chaussée d'une maison particulière :
les actrices, ses élèves en classes préparatoires, œuvrent avec une sidérante
concentration. Une haute boîte de conserve trouée d'infimes rectangles devient
une tour en flammes, une aiguille à tricoter transperce avec la violence d'une épée,
les manteaux se font menaces. L'humour n'est pas loin. Les permutations de rôles
opèrent comme en un rituel, limpide.
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Trente représentations
du 17 septembre
au 16 décembre 2006
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Photos : Martin Argyroglo